L’autoédition de son propre livre est très certainement un rêve pour de nombreux photographes. Et un véritable parcours du combattant ! J’ai voulu tenter l’aventure pour So Small. En effet ce projet photographique a duré plus de deux ans et je voulais faire quelques choses des nombreuses photos obtenues. Je voulais donc vous présenter sur le blog ma démarche et peut-être que cela vous donnera des idées.
Un gros travail d’éditing avant tout
Il a fallu dans un premier temps regrouper toutes ces photos faites à différentes périodes puis réaliser le travail d’éditing, un travail relativement long et fastidieux mais sans lequel il est impossible d’avancer. En effet un livre n’est pas forcément un recueil de ses meilleures photos mises bout à bout. Il s’agit de créer une certaine dynamique au fur et à mesure que l’on tourne les pages. Pour cela j’ai essayé de regrouper quelques photos entre elles et parfois j’ai été amené à mettre de côté des photos car elles n’avaient pas leur place dans ce que je voulais montrer au travers de ce livre.
Cette sélection s’est faite dans un premier temps sur Lightroom avant de réaliser des petits tirages pour ordonner les images les unes avec les autres. En effet, l’écran c’est bien mais pour bouger les photos il n’y a rien de mieux que des tirages de lecture. Au final c’est une cinquantaine de photos qui ont été retenues pour le livre.
Création de la maquette
À partir de cette étape cela a été une réelle découverte pour moi. En effet si faire des photos est devenu relativement naturel aujourd’hui il en est tout autrement pour la création de la maquette et la préparation des fichiers. Pour ce dernier point j’y reviendrais un peu plus tard puisqu’il sera abordé en même temps que le choix de l’imprimeur.
Heureusement grâce au webzine Flash! je m’étais déjà un peu essayé au logiciel InDesign et pour la création de la maquette de So Small c’est naturellement vers ce logiciel que je me suis tourné. C’est également un logiciel très utilisé dans le monde professionnel et je pensais dès le départ que cela me facilitera la vie une fois le cahier des charges de l’imprimeur obtenu. La prise en main de InDesign est très intuitif lorsqu’on est un utilisateur des produits d’Adobe et c’est donc naturellement que la maquette a pris forme puis a ensuite évolué en fonction des retours que j’ai pu avoir. Deux amis, Daniel KERMANN et Fabrice JOUSSELIN, m’ont conseillé tout au long de ce projet et leurs avis ont été précieux jusqu’à l’aboutissement du livre. En plus d’être des photographes talentueux, allez voir leur site respectif, ils avaient une expérience dans l’édition et leur expérience a était la bienvenue. Il s’agissait de mon premier livre et j’ai voulu m’entourer le plus possible de personnes ayant le plus d’expérience possible. Les discussions que l’on a pu avoir ont réellement permis de faire avancer le projet pour arriver à objet final concluant.
Tout comme dans le choix des photos, j’ai voulu créer une certaine dynamique dans la lecture du livre. Je ne voulais pas que la lecture soit monotone avec une photo sur chaque page. J’ai donc passé au crible tous les livres de ma bibliothèque et je me suis ainsi inspiré des mises en page que je trouvais agréable. Dans cet exercice je me suis également appuyé sur le livre de Gildas Lepetit-Castel Concevoir son livre photographique qui est très bien fait et qui permet d’appréhender, étape par étape, les différents points auxquels nous pouvons être confrontés.
La recherche de l’imprimeur
Je n’ai pas fait énormément de recherches en ce qui concerne l’imprimeur. En effet Marilyne Renoult avait déjà mené un tel projet d’édition de livre et m’avait dit tout le bien qu’elle pensait de l’imprimerie Escourbiac. Après m’être rendu sur leur site j’ai également pu me rendre compte que quelques livres de ma bibliothèque sortaient des presses de cette imprimerie. J’ai ainsi pu me rendre compte de la qualité de leur travail. Les premières prises de contacts m’ont conforté dans mon choix. Ils ont toujours été à l’écoute de mes attentes et il a été possible de me rendre à leur bureau parisien qui est un véritable showroom afin de pouvoir définir le papier le plus adéquat à mon projet et également discuter des différentes finitions envisageables. Le plus dur étant toujours de trouver le bon compromis et de respecter le budget que je m’étais fixé… C’est peut-être finalement la partie la plus difficile !
Comment récolter les fonds nécessaires pour concrétiser ce projet
Il ne faut pas se voiler la face : l’autoédition d’un livre coûte relativement cher même si on peut dire que cela commence à se démocratiser. Ces dernières années de nombreuses plateformes de vente de livre ont vu le jour. Elles peuvent permettre d’imprimer les livres à la demande et donc de n’imprimer que lorsqu’une vente est effective. Ces plateformes restent tout de même relativement cher si on parle de prix de revient. Son intérêt est qu’il n’est alors pas nécessaire d’avancer une grande somme d’argent.
Pour diminuer ce prix de revient il y a la solution de l’imprimeur avec une impression offset et donc une impression d’un plus grand volume de livres. Difficile d’imprimer moins de 100 exemplaires sur une presse offset aujourd’hui et je dirais même que pour pouvoir proposer un prix attractif la limite se trouve plutôt autour de 200 exemplaires. L’inconvénient c’est le coût immédiat puisqu’il faut bel et bien passer commande d’un grand nombre de livres et il s’agit donc d’un investissement de plusieurs milliers d’euros.
Une solution qu’il faut envisager est de monter son projet et de passer par l’intermédiaire d’une plateforme de financement comme Ulule ou KissKissBankBank. C’est cette dernière que j’ai utilisé afin d’organiser une prévente du livre. Cela m’a permis de lever un peu plus de 3000 euros et donc de limiter les risques. Personnellement j’ai été très agréablement surpris par la réussite de ce projet et j’en ai donc profité pour également améliorer les finitions du livres pour en faire un bel objet. Une centaine de livres a ainsi été pré-vendu. Soyons clair ce système de pré-vente ne m’a pas permis d’autofinancer le projet mais ce n’était pas non plus le but premier. Cela m’a permis de réaliser un rêve pour un budget personnel raisonnable (aussi raisonnable que cela puisse être lorsqu’on parle de passion)
L’impression du livre
C’est l’étape où le livre prend réellement vie. C’est également la partie que je ne maîtrisais absolument pas. Il s’agit d’un vrai métier et ce fut une très belle expérience que de me rendre à l’imprimerie pour assister à l’impression des diverses planches constituantes du livres. La machine permettant l’impression est une belle bête avec près de 15 mètres de long permettant d’imprimer recto-verso en une seule passe. Pour mon « faible » nombre de tirages il n’a pas été utilisé cette méthode mais seulement la moitié de la machine car cela permettait de ne pas purger les deux machines mais une seule. Et oui mon livre étant constitué de photos en n&b uniquement il a été imprimé en bichromie afin d’éviter toute dominante. Le résultat est superbe et correspond entièrement à mes attentes.
Les feuilles sont imprimées à une cadence incroyable et en deux petites heures toutes les planches du livre So Small étaient imprimées. Si vous n’avez pas encore vu la vidéo faite à l’occasion de l’impression je ne peux que vous encourager à la visionner.
5 Comments
Bravo Thomas. Et merci pour tes photos, ton livre et le fait de nous associer à la démarche. Passionnant de comprendre chaque étape de ce long processus. Merci pour le partage.
Merci Christian pour ton commentaire. Ce blog se veut un lieu de partage donc si mon expérience peut servir à d’autres j’en serais le plus heureux.
Belle aventure Thomas ! Merci de nous la faire partager 🙂
Je suis content d’avoir participé un peu à la réalisation de ton rêve. Un livre de photographies est l’un des plus beaux aboutissements de son travail quand on est photographe passionné.
Peut-être être un jour je m’y lancerai si je surmonte l’épreuve de l’éditing ! 😉
Je serai fier dans quelques jours d’avoir ce bel ouvrage devant les yeux. Merci
Merci Lionel pour ton commentaire. En effet c’est un bel aboutissement et même si cela demande pas mal de temps et d’investissement il est clair que cela est une belle expérience.
L’éditing n’est pas la partie la plus simple je te l’accorde. C’est même un travail au quotidien car à chaque sortie photo cet exercice doit se faire 😉
En tout cas merci pour ton soutien dans ce projet !
[…] tout cas, l’article sur la démarche de faire son livre semble vous avoir plu. Afin d’en faire profiter le plus grand nombre il a été très […]